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IV. LES HEURES DOREES DU DOMAINE DE LES FONDS ENTRE 1850 ET 1950.

le cadastre de 1829, la cour est fermée

Après le " règne " de la famille Michel, c’est une famille modeste qui achète le domaine vers 1850. Sans conteste originaire des alentours cf.note,le père Béringer (Baptiste) a peut être amassé un peu d’argent, en tous cas, il rachète le domaine à un organisme équivalent de la SAFER d’aujourd’hui et s’installe sur ce domaine sans doute très abîmé par les ruines de la famille précédente et les reventes successives depuis 1832. cf.note,

. A la fin du siècle, les Béringer y construisent même une nouvelle maison.

La nouvelle maison construite en 1943 ici en 1967 déjà bien abimée !!

En ce temps, les familles sont nombreuses et les partages grèvent l’unité du domaine jusqu'à la génération suivante ou l’on s’aperçoit que cette unité a, à chaque fois, été peu ou prou reconstituée avant d’être redivisé entre les différents enfants jusqu’aux nouvelles compensations concédées(en argent ou en bois de coupecf.note,) par celui qui reste à la ferme afin de rendre viable à nouveau l’exploitation.

La famille Béringer ne s’installe pas tout le temps sur un domaine qui constitue au début du siècle par la mise en fermage un complément de revenus à l’activité de commerce de bois de François Béringer dit " "Le France"" fils du précédent. En effet, troisième fils de Baptiste Béringer, François, comme le fera plus tard son propre fils délaisse le domaine (ce n’est pas un paysan et il ne s’entend pas bien avec un père très âgé, récalcitrant au modernisme qui après un veuvage sans descendance avait eut 6 enfants sur le tard au grand dam de sa jeune épouse Françoise Joubert qui avait été, dit on, sa bonne et avait senti dans ce mariage avec le " vieux " (il a alors près de 50 ans) la possibilité de mettre ses deux enfants issues d’une première couche à l’abri du besoin. cf.note,

En 1894, on voit bien que le domaine a été scindé en 6 habitations distinctes, c'est à dire six familles.

François "Le France" mis donc sa part du domaine en fermage entre 1900 et 1918. Puis après la faillite de son commerce de bois pour cause de guerre, on revient aux fonds et on y prospère.

Le domaine devient le lieu mythique de l’appartenance familiale comme il l’était déjà avec les Michel. On parle des Fustiers (sobriquet des Béringer) des Fonds.

Le domaine habitable est souvent remanié comme en atteste les relevés cadastraux en notre possession. (voir figure 1,2 et 3 ci dessus et dessous).

Les maisons sont reconstruites, les étables rafraîchies pour répondre aux besoins nouveaux ou sont partagées lorsqu’une nouvelle famille s’installe sur le domaine à la suite du mariage de l’un ou de l’autre " parce qu’on y vivra aussi à l’aise avec une nouvelle branche et qu’il y a de la place pour tous " (sans compter qu’ainsi la compensation n’interviendra pas immédiatement et que l’on travaillera en famille). Bref, c’est l’époque faste, on y fait de la culture, de l’élevage, on y vit un peu comme y vivaient les Michel autour des anciens et avec une prospérité constante, puisque si l’un est plus doué pour les affaires, l’autre l’est plus pour les choses de la terre et ainsi ce que l’un produira, l’autre le vendra avec bons profits dans l’intérêt de tous.

En 1962, du fait des partages et des fermages, la cour sert de passage aux agriculteurs extérieurs et le domaine n'est plus fermé. Il le sera à nouveau en 1999.

Situé sur un chemin de passage entre Langeac et Saint-Privat, il n’est pas rare qu’il y ait souvent des voyageurs visiteurs aux Fonds et l’on fait bombance. La réputation d’accueil de la ferme n’a d’égale que la réputation de musicien violoniste du propriétaire François "Le France"qui est plus fait pour cette vie que pour l’austère labeur paysan. On connaît beaucoup de monde et l’on danse souvent tard le soir avant de reprendre la route le matin venu. Tout irait pour le mieux si ce dernier avait pu conserver une descendance mâle, mais son fils aîné Napoléon né en 1900 à l’aube du siècle n’a pas survécu à ses deux soeurs cadettes (il meurt en 1919 à 19 ans) . Malgré son âge le " France Béringer " (né en 1865, il s’était marié fort tard), décide de substituer cette perte de sa progéniture mâle et réussi à avoir un rejeton tardif François en 1920.

François et Emma avec leur premeir bébé en 1943

 

 

 

 

C’est lui qui conservera le domaine en vertu d’un principe non pas d’aînesse mais de favoritisme de l’héritier mâle voulu par le père. La sœur aîné s’est mariée à Fernand Bernard de Vaures qui deviendra un commerçant aisé alors que la deuxième fille se marie quant à elle avec le fils du propriétaire voisin du domaine Baptiste DUPUY du village de Conac (lequel d’ailleurs exploitait depuis longtemps avec sa famille l’ancien domaine occupé par les Béringer avant qu’ils ne s’installe aux Fonds).

Le domaine de plus de 60 Ha. sera partagé malgré tout en parts assez égales en 1938, et il devient difficile d’y gagner bien sa vie sur la surface ainsi morcelée. En outre, la fin de la deuxième guerre, promesse d’un nouveau monde et l’envie d’une nouvelle vie possible pour François " junior "(entrevue lors d’un voyage forcé dans le sud ouest, aux chantiers de jeunesse) lui rendra LES FONDS trop étroit et trop éloigné. Il voudra habiter en ville avec son épouse (Emma Pays) fille d’un agriculteur du village de Pratclaux, situé sur la route de Saint-Privat et leur premier enfant Marie Louise née en 1943. La décision n’a pas été préméditée puisqu’il vient tout juste de construire une maison à l’angle du chemin qui traverse la cour presque fermée du carré d’habitation ajoutant ainsi sa propre pierre à l’enracinement familial des Béringer sur ce domaine.

Pourtant, en 1947, il part donc s’installer en ville répondant comme de nombreux autres aux sirènes de l’exode des campagnes françaises à la recherche d’une vie plus moderne et plus confortable, moins isolée. Après un projet avorté au Puy, la famille s’installe à Chaspuzac où François a acheté un commerce de réparation de bicyclette et forge qui deviendra vite réputé et rentable. Il faut dire qu’il s’y entend en mécanique et que c’est là sa passion, sachant s’adapter à la demande, il deviendra carrossier, cuviste et serrurier. Comme son père, il n’a jamais supporté l’austérité du travail de la terre ni l’isolement des Fonds où il a passé trop d’années à l’écart d’un monde en mouvement qui lui ressemble plus.

On est donc en 1947 et le domaine, laissé d’abord en métayage à d’anciens fermiers de Concouret venus s’installer aux Fonds cf.notene survivra pas à ce modernisme. Très vite, la maison si belle que nous décrit Lucien Michel lors de sa visite en 1940 devient une ruine en l’absence du toit que l’on a écroulé et elle est vouée à la mort certaine que connurent de nombreux domaines du même type au moment de l’exode rural et de la mécanisation agricole.

Le site des Fonds, malgré ses grandes parcelles, n’est pas propice à l’exploitation mécanique et de nombreux bords de parcelles, quand ce ne sont pas des parcelles toutes entières, deviennent inexploitables, puis peu à peu inaccessibles aux engins qui ne peuvent emprunter les anciens "chemins de chars " trop cassants et trop étroits qui y conduisaient ; c’est la désertification

agricole des pays de moyenne montagne et si quelques uns cherchent à lutter contre cette fatalité, il arrive qu’ils le payent de leur vie comme ce fut le cas de Jeannot DUPUY de Conac (un neveu Béringer) un jour de janvier 72 qui fut écrasé par son tracteur et disparaît sans descendance près des Fonds alors qu’il représentait la dernière alternative paysanne de toute la famille.

la maison reconstruite en 1980

 

 

 

 

  • V. LE SAUVETAGE DU DOMAINE PAR LA RENAISSANCE DES BATIMENTS (1971-1998).

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