IV. LES HEURES DOREES DU DOMAINE DE LES FONDS ENTRE 1850 ET 1950.
Après le " règne " de la famille Michel, cest une famille modeste qui achète le domaine vers 1850. Sans conteste originaire des alentours cf.note,le père Béringer (Baptiste) a peut être amassé un peu dargent, en tous cas, il rachète le domaine à un organisme équivalent de la SAFER daujourdhui et sinstalle sur ce domaine sans doute très abîmé par les ruines de la famille précédente et les reventes successives depuis 1832. cf.note,
. A la fin du siècle, les Béringer y construisent même une nouvelle maison.
En ce temps, les familles sont nombreuses et les partages grèvent lunité du domaine jusqu'à la génération suivante ou lon saperçoit que cette unité a, à chaque fois, été peu ou prou reconstituée avant dêtre redivisé entre les différents enfants jusquaux nouvelles compensations concédées(en argent ou en bois de coupecf.note,) par celui qui reste à la ferme afin de rendre viable à nouveau lexploitation.
La famille Béringer ne sinstalle pas tout le temps sur un domaine qui constitue au début du siècle par la mise en fermage un complément de revenus à lactivité de commerce de bois de François Béringer dit " "Le France"" fils du précédent. En effet, troisième fils de Baptiste Béringer, François, comme le fera plus tard son propre fils délaisse le domaine (ce nest pas un paysan et il ne sentend pas bien avec un père très âgé, récalcitrant au modernisme qui après un veuvage sans descendance avait eut 6 enfants sur le tard au grand dam de sa jeune épouse Françoise Joubert qui avait été, dit on, sa bonne et avait senti dans ce mariage avec le " vieux " (il a alors près de 50 ans) la possibilité de mettre ses deux enfants issues dune première couche à labri du besoin. cf.note,
François "Le France" mis donc sa part du domaine en fermage entre 1900 et 1918. Puis après la faillite de son commerce de bois pour cause de guerre, on revient aux fonds et on y prospère.
Le domaine devient le lieu mythique de lappartenance familiale comme il létait déjà avec les Michel. On parle des Fustiers (sobriquet des Béringer) des Fonds.
Le domaine habitable est souvent remanié comme en atteste les relevés cadastraux en notre possession. (voir figure 1,2 et 3 ci dessus et dessous).
Les maisons sont reconstruites, les étables rafraîchies pour répondre aux besoins nouveaux ou sont partagées lorsquune nouvelle famille sinstalle sur le domaine à la suite du mariage de lun ou de lautre " parce quon y vivra aussi à laise avec une nouvelle branche et quil y a de la place pour tous " (sans compter quainsi la compensation ninterviendra pas immédiatement et que lon travaillera en famille). Bref, cest lépoque faste, on y fait de la culture, de lélevage, on y vit un peu comme y vivaient les Michel autour des anciens et avec une prospérité constante, puisque si lun est plus doué pour les affaires, lautre lest plus pour les choses de la terre et ainsi ce que lun produira, lautre le vendra avec bons profits dans lintérêt de tous.
Situé sur un chemin de passage entre Langeac et Saint-Privat, il nest pas rare quil y ait souvent des voyageurs visiteurs aux Fonds et lon fait bombance. La réputation daccueil de la ferme na dégale que la réputation de musicien violoniste du propriétaire François "Le France"qui est plus fait pour cette vie que pour laustère labeur paysan. On connaît beaucoup de monde et lon danse souvent tard le soir avant de reprendre la route le matin venu. Tout irait pour le mieux si ce dernier avait pu conserver une descendance mâle, mais son fils aîné Napoléon né en 1900 à laube du siècle na pas survécu à ses deux soeurs cadettes (il meurt en 1919 à 19 ans) . Malgré son âge le " France Béringer " (né en 1865, il sétait marié fort tard), décide de substituer cette perte de sa progéniture mâle et réussi à avoir un rejeton tardif François en 1920.
Cest lui qui conservera le domaine en vertu dun principe non pas daînesse mais de favoritisme de lhéritier mâle voulu par le père. La sur aîné sest mariée à Fernand Bernard de Vaures qui deviendra un commerçant aisé alors que la deuxième fille se marie quant à elle avec le fils du propriétaire voisin du domaine Baptiste DUPUY du village de Conac (lequel dailleurs exploitait depuis longtemps avec sa famille lancien domaine occupé par les Béringer avant quils ne sinstalle aux Fonds).
Le domaine de plus de 60 Ha. sera partagé malgré tout en parts assez égales en 1938, et il devient difficile dy gagner bien sa vie sur la surface ainsi morcelée. En outre, la fin de la deuxième guerre, promesse dun nouveau monde et lenvie dune nouvelle vie possible pour François " junior "(entrevue lors dun voyage forcé dans le sud ouest, aux chantiers de jeunesse) lui rendra LES FONDS trop étroit et trop éloigné. Il voudra habiter en ville avec son épouse (Emma Pays) fille dun agriculteur du village de Pratclaux, situé sur la route de Saint-Privat et leur premier enfant Marie Louise née en 1943. La décision na pas été préméditée puisquil vient tout juste de construire une maison à langle du chemin qui traverse la cour presque fermée du carré dhabitation ajoutant ainsi sa propre pierre à lenracinement familial des Béringer sur ce domaine.
Pourtant, en 1947, il part donc sinstaller en ville répondant comme de nombreux autres aux sirènes de lexode des campagnes françaises à la recherche dune vie plus moderne et plus confortable, moins isolée. Après un projet avorté au Puy, la famille sinstalle à Chaspuzac où François a acheté un commerce de réparation de bicyclette et forge qui deviendra vite réputé et rentable. Il faut dire quil sy entend en mécanique et que cest là sa passion, sachant sadapter à la demande, il deviendra carrossier, cuviste et serrurier. Comme son père, il na jamais supporté laustérité du travail de la terre ni lisolement des Fonds où il a passé trop dannées à lécart dun monde en mouvement qui lui ressemble plus.
On est donc en 1947 et le domaine, laissé dabord en métayage à danciens fermiers de Concouret venus sinstaller aux Fonds cf.notene survivra pas à ce modernisme. Très vite, la maison si belle que nous décrit Lucien Michel lors de sa visite en 1940 devient une ruine en labsence du toit que lon a écroulé et elle est vouée à la mort certaine que connurent de nombreux domaines du même type au moment de lexode rural et de la mécanisation agricole.
Le site des Fonds, malgré ses grandes parcelles, nest pas propice à lexploitation mécanique et de nombreux bords de parcelles, quand ce ne sont pas des parcelles toutes entières, deviennent inexploitables, puis peu à peu inaccessibles aux engins qui ne peuvent emprunter les anciens "chemins de chars " trop cassants et trop étroits qui y conduisaient ; cest la désertification
agricole des pays de moyenne montagne et si quelques uns cherchent à lutter contre cette fatalité, il arrive quils le payent de leur vie comme ce fut le cas de Jeannot DUPUY de Conac (un neveu Béringer) un jour de janvier 72 qui fut écrasé par son tracteur et disparaît sans descendance près des Fonds alors quil représentait la dernière alternative paysanne de toute la famille.
la maison reconstruite en 1980
V. LE SAUVETAGE DU DOMAINE PAR LA RENAISSANCE DES BATIMENTS (1971-1998).